Je me réveille.
Je ne sais depuis combien de temps ou de jours je suis inconscient.
Je suis dans une geôle. Sombre. Froide. Vide. Une odeur nauséabonde me titille le nez mais je n’arrive pas à reconnaître ce que c’est.
J'ai mal aux côtes et au ventre ; là où ils m'ont probablement frappé.
Aux reins aussi.
Je me redresse un peu et reste assis, adossé au mur. Mes côtes me brûlent, comme si j'en avais de brisées, mais peut-être pas. Devant moi se trouvent des barreaux, je suis donc enfermé. L'autre côté est vide, si ce n'est la porte sur la droite.
Je suis wings.of.hope, les ailes de l’espoir, mais je n’en ai plus aucun en moi. C’est fini. Plus jamais je ne pourrai aider qui que ce soit. Je manque tellement d’espoir que je n’arrive même pas à me mettre en colère. Je reste simplement prostré. Dailleurs c’est mieux ainsi, si jamais je me mettais en colère, plus rien ne pourrait jamais me retenir.
Je n’ai plus d’attache en ce monde. Je n’ai plus de raison de vivre.
Existe-t-il un mot plus fort que désespoir ?
Est-ce possible que je sois dans un état infiniment inverse à ma mission. J’étais censé redonner espoir aux humains. Peut-être y suis-je parvenu, au moins légèrement. Mais ce qui est sur, c’est que cela n’arrivera plus jamais.
Et ça ne me fait aucun effet.
J'entends une porte s'ouvrir.
Entre alors Carole et ses ailes noires, suivie d'un homme apeuré qui se met dans un coin. La decays, pour mon plus grand plaisir, a l'air bien amochée. Apparament j'ai réussi, comme je l'esperais, à lui casser l'os maxillaire, le nez et des dents. Elle est largement bandée, mais on voit quand même grâce à certains espaces mal bandés qu'elle est tuméfiée à l'extrème, ce qui déclenche en moi un sourire sournois.
Un deuxième decays, un colosse aux cheveux mi-longs et bruns, entre et se plante à ses côtés. Les deux me regardent de derriere les barreaux.
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A cause de toi, et des blessures que tu lui as infligées, dit-il, Decays.of.hope ne va pas pouvoir parler pendant un moment. Elle me fait dire que tu as beaucoup de chance que le maître ne veut plus qu'on te touche pour l'instant, elle t'aurait tué dans les plus profondes souffrances imaginables. En tout cas, elle t'envoie un cadeau.
Il agrippe l'homme tétanisé, ouvre la porte de ma cellule, l'y jette et referme. L'homme se met le plus loin possible de moi. Le regard qu'il pose sur moi est emprunt d'une profonde angoisse.
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Amuse-toi bien...
Je ne comprends pas très bien de prime abord ce qu'est ce cadeau, mais je ne réagis d'aucune manière.
Les deux decays me regardent, comme s'ils attendaient une réaction de ma part.
A ce moment je sens la force qui essayait de me faire faire du mal, tentant de s'introduire violemment dans mon esprit.
...
Un rictus se forme sur mon visage. Je comprend mieux leur cadeau. Ils espèrent que cette force réussira à me faire massacrer cet homme, car se faisant, je perdrais probablement mon contrôle pour toujours. C'est ça qu'ils cherchent ?
Mais ils vont être décus.
Je fixe les yeux noirs de Carole et lui dit : « Tant qu'il me restait un minimum d'espoir et de volonté, il était possible à cette force de s'insinuer en moi, au moins un peu, selon mon état d'esprit. Mais là, je n'ai plus aucun espoir ni aucune volonté quant à ce monde. Du coup, rien n'a d'emprise sur moi, pas même ton maître. »
Elle me regarde d'un air mauvais. Je les sens contrariés.
Ils s'en vont.
Je crois que je comprends quelque chose…
J’aimerais mourir…
Quelle autre alternative ?
Wings.of.tenderness est... Je n'arrive pas à le dire...
Elle était la meilleure chose qui me soit arrivé. Je l'aimais profondément, éperdument.
Pourquoi n'ai-je pas le droit d'être heureux ?
Pourquoi ?