Je me réveille et me sens un peu mieux qu'avant tandis que mes ailes s'assombrissent encore un peu. Il y davantage d'anthracite, environ la moitié de la surface.
C'est étrange. C'est comme si le fait que plus mes ailes perdent leur blancheur, moins je ressens ma peine. Je me demande ce que cela signifie ?
Bon, je vais prendre un peu l'air.
Je me lève, passe de l'eau fraiche sur le visage et sors.
Il fait nuit. Paris by night, c'est plus beau.
Je déambule dans les rue et croise un copain. Il trouve que j'ai une sale tête et se met à me raconter sa vie. Ses problèmes au boulot, ses difficultés financières. Il ne s'arrête plus de parler.
Mais moi je m'en fiche. Pourquoi me dit-il tout ça ? Qu'attend-il de moi ?
Attendrait-t-il que je lui donne des conseils ? Que je lui dise que tout va s'arranger ? Qu'il faut du temps ? Et d'autres conneries de ce genre ?
J'ai pas envie de lui dire tout ça. Mais si je lui dis rien, il risque de continuer longtemps.
Alors je me force et lui dit à contre-coeur ce qu'il veut entendre
Il se sent un peu mieux et se casse.
Enfin.
Il m'aura bien fait chier lui.
Je reprends ma marche et décide d'emprunter les ruelles plutôt que les rues principales pour éviter de croiser trop de gens.
Ils m'énervent tous ces cons.
Enfin une ruelle déserte, ça fait plaisir.
Je marche tranquillement. Paisiblement.
Un brusque coup de vent cingle mon visage.
Ca fait du bien.
Et merde, un humain, cinquante mètres plus loin marche dans ma direction .
Fais chier.
Il va peut-être au mac'do de la rue principale.
Quarante mètres.
Il a quand même une sale gueule.
Et pourquoi il marche sur mon trottoir. On peut pas être tranquille ?
Trente mètres.
Il fait un signe dans ma direction. Il m'énerve.
Je me retourne et vois une fille qui lui répond par de grands geste, des grands coucous de la main.
Connasse.
Vingt mètres.
Je me sens oppressé. Un devant moi, l'autre derrière. Je me sens comme dans un étau.
Et cette force qui me suggère des choses que je trouvais horribles auparavant, mais maintenant...
Dix mètres.
Deux mètres.
Et cette force en moi qui me vrille l'esprit.
Le gars arrive à ma hauteur sans même me regarder et cette force en moi qui me...
Qui me...
Je pousse un hurlement et empoigne ce conard par le col et le soulève sans difficulté. Je le plaque contre le mur. La fille crie tandis que lui est au bord de l'apopléxie. L'anthracite couvre les trois quarts de mes ailes. J'arme mon bras et m'apprête à lui fracasser le crâne d'un coup de poing.
Au moment où j'envoie mon poing, je ressens comme l'appel du désespoir du peu de blanc qui reste à mes ailes, et qui me ramène à la raison.
Je lâche l'homme en bredouillant des excuses.
Il se sauve prestement avec la fille et je tombe à genoux.
Comment ai-je pu faire cela ? J'allais le tuer.
Je suis Wings.of.hope et j'ai été créé pour le bien, pour redonner espoir.
Je m'effrondre la tête entre les mains.